En 2000, en déposant les statuts de l’association loi 1901, qui allait être « ma compagnie » de théâtre, le nom désiré était « La Sirène » : en référence au nom du théâtre évoqué dans la pièce de Jean-Marie Patte Demi Jour, en souvenir des quelques années passées à faire du théâtre dans la rue avec de vieux camions de pompiers (Eclat Immédiat et Durable), et en mémoire de la jolie gravure d’une sirène moyenâgeuse jouant de la trompette, emblème de notre compagnie de théâtre amateur.
« La Sirène », était un nom déjà utilisé… Travaillant à ce moment-là sur les paroles de Fernand Léger, un extrait m’est revenu du grand maître de la peinture au moment de l’émergence du cubisme dans l’art moderne : « On m’appelait tubiste, n’est-ce pas… Cela n’allait pas sans un certain découragement ».
L’idée que la création artistique consiste en partie à surmonter son découragement, mais aussi cette façon de coller, de confronter, d’assembler deux termes (personnels et communs) est une marque semble-t-il du travail que je déploie dans les créations que j’ai portées avec la Sirène Tubiste depuis les années 2000.
D’abord vécu comme le carnet de notes de l’interprète de théâtre que je suis, la Sirène Tubiste est devenue au cours des années le centre de ma vie artistique. D’abord fondée sur la volonté de partager, de faire entendre des textes complexes issus de la littérature non dramatique, la compagnie aujourd’hui installée à Alençon, où je suis né, et où je passe une grande partie de ma vie, se veut un espace de partage, explorant des textes de toutes natures.
À chaque création, je convoque une équipe que j’invite à fonctionner un peu comme un collectif artistique, où chacun « écrit » une partie de ce grand tout qu’est une œuvre de théâtre… Basé sur un échauffement et beaucoup de pratiques collectives, les créations de la Sirène Tubiste se sont jouées un peu partout en France dans les institutions les plus prestigieuses, comme dans les lieux les plus modestes.
Je propose un théâtre qui soit accessible à tou.te.s, qui se veut héritier des grands maîtres du début du théâtre public, en particulier Jean Vilar. C'est-à-dire un art contemporain, exigeant, novateur qui entend « déplier » les textes y compris les plus complexes pour un public le plus large possible. Un théâtre de parole qui fait du verbe, de la langue l’espace commun. Politique en ce sens qu’il est l’espace de tous nos échanges, le véhicule de nos représentations.
Depuis 2008, je travaille pour toutes les créations avec Emanuela Pace, comédienne, dramaturge, traductrice.
La sirène Tubiste est également un laboratoire, un organisme qui propose des formations, qui cherche et transmet dans le domaine de la phonation, de la prosodie et du langage interprété, et plus largement de l’art de l’acteur.
Notre association, centrée sur le travail de création, se veut utile, disponible aux différentes demandes qui peuvent lui être faites émanant d’un territoire, d’une institution, …
Historique des créations de la compagnie
Depuis que la compagnie a été créée, ce sont presque 300 représentations qui se sont tenues dans une trentaine de lieux différents, parmi lesquels on peut citer le Théâtre de la Bastille, le Théâtre de la Ville de Paris , la MC 93 de Bobigny, le théâtre Vidy à Lausanne, la Scène Nationale d’Alençon, le CDN de Normandie…
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2000 – L’Ours Normand, Fernand Léger – 80 représentations – Lieux : Théâtre de la Bastille, CDN de Caen, Théâtre du Nord (Lille), SN d’Alençon, Théâtre d’Arles, Théâtre de la Cité Internationale….
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2004 – Pas vu (à la télévision) d’après Edgar Morin et Boris Cyrulnik – 30 représentations – Lieux : SN de Chambéry, CDN de Caen, MC 93 Bobigny, Carré des Jalles, Théâtre de Chelles, Théâtre de la Bastille….
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2006/2007/2008 – Manuel sur scène d’Alvaro Garcia de Zuniga, performances poétiques : Maison de la poésie de Paris, Théâtre du Prato à Lille, festival d’Almada (Portugal)
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2010/2011/2012 – Fragments d’un discours amoureux, Roland Barthes – 80 représentations – Lieux : Espace des Arts (Chalon-sur-Saône), SN de Gap, Théâtre de la Bastille, Théâtre 140 (Bruxelles), Théâtre Vidy-Lausanne, le Théâtre 140 (Bruxelles) Théâtre Les Ateliers de Lyon, Théâtre de Chartres…
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2011 – L’Ours Normand, Fernand Léger (« re-création ») – 20 représentations – Lieux : SN d’Alençon et Théâtre de la Bastille (carte blanche)
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2013 – Souvenez-vous de moi, l’enfant de demain, Serge Amisi (ateliers d’élèves travail d’adaptation) – écoles du TNB de Rennes et de la Comédie de Saint Etienne
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2014/2015/2016 – L’enfant de demain, d’après Souvenez-vous de moi, l’enfant de demain de Serge Amisi (création) – 60 représentations – Lieux : Scène Nationale 61 d’Alençon, Chapelle du Verbe Incarné (Avignon), Théâtre de l’Echangeur (Bagnolet), Théâtre de la Ville (Paris)…
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2015/2016 Agamemnon d’après Eschyle, co-mis en scène avec D’de Kabal – 6 représentations – Théâtre de Chelles, l’Avant Seine Colombes, Théâtre de Nîmes, théâtre de Martigues, Conservatoire de la ville de Puteaux
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2018 Orestie Opéra Hip-Hop d’après Eschyle, co- mis en scène avec D’ de Kabal. 6 représentations MC93, Bobigny
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2019/2020/2021/2022 – Othello, Shakespeare – 30 représentations – Lieux : Théâtre de la Ville, Théâtre Le Montansier, (Versailles) , SN d’Alençon, Théâtre Roger Barat (Herblay), Atelier à spectacle (Vernouillet), Théâtre de Chartres, Espace Malraux (Chambéry), Moulin du Roc (Niort), + Théâtre de Cornouaille (Quimper), Grand T, (annulé)
Arnaud Churin
est né à Alençon, en Normandie. Il a pratiqué le théâtre amateur pendant ses années de lycée puis en 1989, est admis au Conservatoire de région à Rennes. L’année suivante il commence à travailler avec Olivier Py et est élève du « théâtre en actes » de Lucien Marchal, à Paris. En 1992, il devient élève du Conservatoire National Supérieur d’Art dramatique (CNSAD Paris). Il participe aux premières créations d’Olivier Py et d’Eric Vigner. Il travaille sous la direction de Pierre Guillois, Stuart Seide, Bruno Bayen, Jean-Marie Patte, Michel Didym, Alain Ollivier, Laurent Laffargue, Eric Lacascade, Jean Boillot, Alvaro Garcia de Zuniga, Bérangère Jannelle, Bernard Lévy, Guillaume Rannou, Catherine Riboli, Christophe Perton, Claude Buchvald, Sébastien Laurier, Laurent Gutmann, Olivier Balazuc, Valère Novarina. Il a participé à quelques films pour le cinéma et la télévision. Entre 1993 et 1998 Arnaud participe à l’élaboration des spectacles de la compagnie de théâtre de rue Eclat Immédiat et Durable et collabore au groupe de rap M. Brunelière. Dans le cadre du conservatoire, il met en scène Le jeu du veuf d’Olivier Py. En 2000 il fonde La Sirène Tubiste et conçoit L’ours normand, Fernand Léger, d’après des textes de Fernand Léger (80 représentations Théâtre de la Bastille, CDN de Lille, CDN de Caen, théâtre de la cité internationale…), spectacle repris en 2011. En 2004 il est le concepteur du projet Pas vu (à la télévision), D’après B. Cyrulnik, E. Morin et une émission des chiffres et des lettres (30 représentations, MC93 Bobigny, CDN de Caen, scène nationale de Chambéry…). En 2006, il collabore en tant que metteur en scène au projet de Jean Boissery OEdipe de Sénèque en Nouvelle-Calédonie sur l’île de Maré puis au festival de la francophonie de Limoges. En 2008, 2009 et 2010, Alvaro Garcia de Zuniga et Arnaud Churin dirigent le travail de Manuel sur scène d’Alvaro Garcia de Zuniga au théâtre du Prato à Lille, à la Maison de la Poésie de Paris, au théâtre Taborda de Lisbonne, puis au festival d’Almada (Portugal). En 2010 il est le metteur en scène des Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes. (40 représentations, Scène nationale Chalon sur Saone. Théâtre de la Bastille, Vidy Lausanne, Ateliers de Lyon …). En 2012, il met en scène Ci Siamo, montage de texte autour de l’idée du couple en partenariat avec O’brother company (théâtre d’Epernay, théâtre de Rungis). En 2014, il met en scène L’enfant de demain d’après le livre de Serge Amisi, récit d’un enfant soldat dans la guerre, reprise 2015, (50 représentations, Scène nationale 61 Alençon, Chapelle du verbe incarné festival d’Avignon off, théâtre de l’Echangeur à Bagnolet, Théâtre de la ville de Paris, CDN de St Etienne, de Besançon…). En 2009 commence une étroite collaboration avec D’de Kabal, auteur metteur en scène issu du mouvement Hip Hop, qui conduit à travailler sur différents projets, dont Agamemnon d’Eschyle en 2014, tournée printemps 2016 (Théâtre de Chelles, l’Avant Seine de Colombes, La filature Mulhouse, Théâtre de Martigues). Puis en 2018 Orestie Opéra hip hop (MC 93 de Bobigny, POC d’Alfortville…) En 2019 mise en scène d’Othello de William Shakespeare dans une nouvelle traduction d’Emanuela Pace (40 représentations, Scène nationale 61 Alençon, Théâtre de la Ville de Paris, Scène nationale de Chambéry, Grand T à Nantes…). Régulièrement, Arnaud mène des sessions de recherches soit avec de jeunes professionnels (école des apprentis de la comédie de Caen, école de la comédie de St Etienne, école du T.N.B. à Rennes, École du TNS à Strasbourg…), soit avec des groupes d’amateurs. Par ailleurs, il mène beaucoup d’ateliers avec des publics très variés. De 2012 à 2018, il a été membre du conseil pédagogique de l’école du T.N.B. à Rennes. En 2020 il est lauréat du ministère de la culture pour l’appel à projet « Recherche dans le théâtre ». La recherche porte sur la langue et plus précisément sur la prosodie et s’intitule : Laboratoire d’exploration de la prosodie dans la parole interprétée en collaboration avec le linguiste Rémi Godement. Il est associé à la scène nationale 61 (Orne) à compter de septembre 2020.
Emanuela Pace
unis « à la ville comme à la scène » comme on dit dans les émissions de Michel Drucker, nous travaillons ensemble depuis plus de quinze ans. Emanuela est une comédienne, formée au Sapajou ainsi qu’au conservatoire du 7ème arrondissement de Paris, dans le même temps qu’elle a été élève de l’ENS spécialiste en italien. Emanuela est une intellectuelle qui a retrouvé les planches aux côtés de Jean-Louis Martinelli, dans un rôle de collaboration artistique. Avant cela elle avait travaillé comme comédienne avec Laurent Berger, Philippe Calvario... Emanuela a joué et travaillé à l’étude dramaturgique de quelques pièces mises en scène par Bérangère Jeannelle, elle a été la complice de D’ de Kabal pour plusieurs spectacles, elle a traduit plusieurs auteurs italiens, surtitré toutes les pièces mises en scène par Toni Servillo présentées en France ces dernières années, et c’est elle qui a signé la traduction d’Othello. Elle jouera Nedjma dans Le Cadavre Encerclé. Femme de la Méditerranée, Emanuela a sur la scène une intensité absolument rare, le spectateur se laisse conduire par cette électricité et cette énergie si particulière, lyrique et éraillée, minuscule et immense… Emanuela connaît très bien l’histoire de l’Algérie pour avoir travaillé avec l’écrivain Laurent Gaudé pour la pièce Les Sacrifiées ainsi que des pièces d’Aziz Chouaki pour des mises en scène de Jean-Louis Martinelli. Je souhaite que la personne dans l’équipe chargée de l’érudition, de la pensée : la dramaturge, soit également sur la scène, pour se confronter aux mêmes difficultés que les autres interprètes.
Alain Rauline
est administrateur de ma compagnie, la Sirène Tubiste ainsi que de quelques autres compagnies de théâtre. Nous nous sommes rencontrés dans des circonstances très particulières car il était stagiaire administrateur au festival d’Avignon, en 2003, où nous devions, avec la compagnie Lacascade, jouer dans la cour d’honneur… cette édition du festival fût finalement annulée... Nous nous sommes retrouvés quinze ans plus tard pour achever le travail sur Othello. Alain est une personne très douce et très engagée, sa rigueur administrative, sa prudence ne prennent jamais le pas sur la nécessaire prise de risque que suppose la production théâtrale. Alain a beaucoup pratiqué le théâtre comme comédien, lors de ses études, et comme metteur en scène, sa sensibilité artistique, sa culture très importante et sa curiosité toujours aiguisée font de lui le premier pilier du projet.
Mathieu Genet
est l’acteur que je préfère… Dans la tradition de Gérard Philipe ou de Gérard Desarthe il est un comédien qui conjugue l’esthétique et l’éthique (et qui paradoxalement ne s’appelle pas Gérard !!!). Il est incapable de tricher dans l’exercice de son art qui consiste à mettre le texte très légèrement « devant ». Devant l’intention, devant l’intonation il y a le texte chaque fois projeté comme une nouvelle aventure, une découverte à faire. Spectateurs, nous sommes coproducteurs de sa parole, invités à le rejoindre dans l’univers qu’il invente avec le texte avec une grâce et une élégance qui nous rendent, nous les spectateurs, plus fins, plus inventifs… Son parcours l’a vu successivement dans une compagnie de théâtre à Chartres, celle d’Emmanuel Ray, au CNSAD de Paris puis à la Comédie française, enfin aux côtés de nombreux metteurs en scène : Jean-Christophe Saïs, Marc Lainé, Bérangère Jannelle, François Orsoni, Richard Brunel… Il a incarné cet Othello dont je rêvais, agile, mystérieux, poétique et joué par la pièce plus que moteur de celle-ci… Ici il jouera Mustapha, l’ami de Lakhdar le héros. Mathieu est un grand sportif qui écrit des textes magnifiques en plus d’être un papa exemplaire. Il est mon complice depuis 2014 et un allié précieux pour réfléchir aux oeuvres, mais surtout pour inventer ensemble une stratégie de jeu, un chemin commun pour les interprètes…
Julie Duchaussoy
est une comédienne formée à l’école du TNB sous la direction de Stanislas Nordey. Elle a arpenté les scènes prestigieuses du théâtre français, aux côtés de Christine Letailleur, Stanislas Nordey, Eric Lacascade, Gerty Dambury etc… Très tôt elle s’intéresse à la mise en scène et crée la Compagnie Jean Balcon, à ce jour elle a réalisé plusieurs mises en scène ainsi que divers évènements autour de la poésie. Julie est une camarade de scène, c’est une comédienne que j’ai rencontré avec Eric Lacascade. Actrice à la grâce particulière, déployant le texte avec intelligence et souvent une légère distance, elle a une capacité d’incarnation étonnante : « on y croit »… Sa formation théâtrale et ses études littéraires ont fait de Julie une lectrice très fine, et qui apporte toujours beaucoup sur les dynamiques en présence dans un texte. Dans le cadre de notre collaboration, elle ouvre son « carnet de croquis » et nourrit, prolonge les propositions de sa sensibilité et de sa grande connaissance du théâtre et aussi du cinéma. Julie est une personne qui a une énergie très positive et engagée. Toujours au travail, sa bienveillance et sa générosité, sa connaissance parfaite du métier d’interprète apportent beaucoup à l’équipe et renforcent l’immense confiance que je lui accorde.
Jérôme Villedieu
Jérôme est mon plus vieil ami. Il est un écrivain très surprenant. Son style est très élégant, poétique et très prosaïque, comme un objet qui tombe dans une maison bien rangée, comme un verre qui se renverse sur une nappe apprêtée. Je ressens une grande proximité avec son écriture et suis un grand amateur de ces chocs littéraires que constituent ses textes. Depuis le lycée à Alençon, à la fin des années 80, nous entretenons une conversation artistique autour des musées que nous fréquentions dès l’adolescence, une conversation poétique, Jérôme a toujours eu une activité d’écrivain dont j’ai été un des premiers témoin, un des premiers lecteur, conversation philosophique, Jérôme a obtenu une maîtrise de philosophie à l’université de Caen, conversation psychanalytique, diplômé d’un master de psychanalyse à l’université de Saint-Denis Jérôme est un grand connaisseur des théories psychanalytiques. Mon ami, riche de milles vies, a commencé son existence à Caen et c’est à Domfront, dans l’Orne qu’il a grandi, avant de fréquenter le lycée Alain D’Alençon, ville où il réside désormais. Pendant vingt ans il a mené de front ses activités littéraires avec le métier d’éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse. Reconnu pour la qualité de ses textes poétiques il a publié plusieurs recueils : Procédure du silence (Lucie éditions - 2014), Dinosaures (avec des dessins de JP Flavien, les bains douches - Alençon - 2016), PPL (cahiers des impossible - Montréal - 2018), La Morsure (V. Rougier éditions - 2018). Les revues poétiques ont publié nombre de ses poèmes, parmi celle-ci : Coaltar, Secousse, Remue.net, N4728. Les éditions Sur le fil, avec lesquelles il collabore comme conseiller littéraire, s’apprêtent à publier son premier roman. Depuis quelques années nous animons ensemble de nombreux stages et ateliers autour de l’écriture et du jeu. Ces dernières années c’est le Projet Guillaume qui nous a beaucoup occupés. Ce qui nous unit c’est cette volonté de transmettre à tous les publics nos pratiques dans toutes leurs exigences. Jérôme est donc un partenaire au long cours pour cet « ensemble artistique éphémère » qu’est la Sirène Tubiste. Après le Projet Guillaume, pour lequel il a écrit un long texte, et qui sera porté sur la scène dans Tous des bâtards #Projet Guillaume 2022, création partagée avec des spectateurs de la Scène Nationale 61, nous travaillerons sous peu sur son texte Brulé Dehors qui évoque le burn out, et dont l’adaptation s’est faite en collaboration avec Mathieu Genêt… à suivre…
Héloïse Jouary
commence son parcours professionnel à nos côtés et nous en sommes très heureux. Elle a eu l’occasion de collaborer avec nous lors de son stage de fin d’études, en master de Management des Institutions Culturelles à l’école Audencia de Nantes. Héloïse est une personne qui parle peu, et quand elle le fait c’est pour donner La solution, celle qui résout le problème ou qui fait mieux comprendre la chose à résoudre. Nous sommes (Alain Rauline et moi-même) très honorés de la présence de cette surdouée de l’administration qui de ce fait peut consacrer une partie de son temps à l’accompagnement des productions en participant à la « ligne éditoriale » de la compagnie. Héloïse sera donc la chargée de production de notre aventure…
Mohand Azzoug
est un comédien qui incarne un profil repéré désormais dans le théâtre français. Formé à l’école du TNB au début des années 2000, il devient un acteur récurrent des mises en scène de Stanislas Nordey, travaille avec Thomas Jolly, Nadia Vonderheyden, Guillaume Vincent, Emilie Rousset, Ludovic Lagarde etc… C’est notre première collaboration. C’est au moment où j’en étais venu à me dire que l’acteur qui joue Lakhdar, figure centrale et même hégémonique dans Le Cadavre encerclé, devait avoir un rapport intime, personnel avec les ancêtres dont il est question dans la pièce que j’ai rencontré Mohand. Toutes nos rencontres par la suite ont été marquées par un accord très profond sur ce que nous voulions faire avec cette pièce. Ce qui fut très frappant, dès la première lecture, c’est que Mohand a incarné de manière sublime le « nous » qui revient sans arrêt dans la pièce. Il est le nous des spectateurs à qui s’adressent Lakhdar, mais aussi le nous des militants, celui des Algériens etc.… Je pense que l’école du TNB dans ces années-là a formé des interprètes qui sont des « diseurs », des « énonciateurs » prodigieux. Daddy Moanda Kamono, grand ami de Mohand, élève lui aussi du TNB de ces années-là et qui jouait Lago dans notre Othello en a fait la sublime démonstration. Et Mohand a une grâce, une écoute, une disponibilité qui rendront ce Héros attachant, humain comme un frère, un papa, un cousin…
Lea Jezequel
Nous nous sommes rencontrés en Chine, à Pékin, elle collaborait avec David Bobée qui signait la scénographie du spectacle que mettait en scène Eric Lacascade dont j’étais le collaborateur... J’ai beaucoup apprécié son exactitude, son professionnalisme, et son exigence esthétique. Diplômée de l’École BOULLE à Paris où elle réalise qu’elle veut être scénographe : étudiante à l’École Supérieure de Théâtre de Montréal (l’UQAM), puis du DPEA Scénographe de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes. Assistante scénographe pour Claudia Gendreau (Québec), d’Emmanuel Clolus, d’Amélie Kiritze Topor, d’Eric Lacascade, et de David Bobée, dont elle co signe même la dernière réalisation. Scénographe pour de jeunes metteurs en scène, Yann Lefebvre, Nathan Jousni, Héloïse Sérazin... Membre du collectif Zarmine, elle réalise des projets pour différents évènements. Son carnet de croquis est plein de projets un peu fous, un peu conceptuels presque, loin de son application pratique, technique. C’est le projet même de la Sirène Tubiste : accompagner l’émergence d’un nouveau théâtre, de nouvelles venues. Léa non seulement est une surdouée technique, possédant des compétences remarquables dans la maîtrise des nouveaux outils, (3D etc…) mais c’est aussi une dessinatrice, une graveuse, une bricoleuse. Son parcours la raconte bien: aussi à l’aise dans la « débrouille » que dans la conception précise, projetée, conceptuelle elle va continuer avec nous son jeune parcours qui promet de prendre une belle ampleur.
Jean-Baptiste Julien
est un artiste qui voyage dans différents univers, musicien pour Rachid Ouramdane, il est actuellement (enfin était) en tournée avec Bertrand Belin. De la musique pop de la variété jusqu’aux scènes des théâtres publics, ils sont rares à combiner plusieurs territoires de la sorte. Nous collaborons depuis dix ans ensemble, et Jean-Baptiste est devenu un des piliers de la compagnie. Lui non plus ne répond pas strictement à une commande, il propose une écriture parallèle à celle de la pièce, une oeuvre. Il réussit cette prouesse d’inventer une musique sur une séquence de théâtre, car celle-ci la nécessite, mais ce petit morceau de musique n’en reste pas à l’anecdote, il prendra immédiatement sa place dans un tout cohérent, celui de la composition, du dispositif musical qui accompagne l’oeuvre. La particularité c’est que cette fois il sera sur scène avec nous, devant un piano droit, (certainement arrangé)… Nous allons donc pouvoir inventer au fur et à mesure des répétitions une partition adaptée aux voix des interprètes. De plus Jean-Baptiste jouera un rôle dans la pièce, celui du marchand d’oranges, témoin de toute la narration.
Anne-Sophie Rami
est une personne étonnante, son attitude, son look, racontent un goût pour les cultures alternatives, que les cinquantenaires comme moi pourraient appeler « néo punk ». Or, elle s’est conformée au cours de son parcours aux études les plus exigeantes qui demandent de savoir se plier à nombres de formats : d’abord une prépa littéraire et puis, à la surprise générale pourrait-on dire, elle suit une deuxième prépa en arts appliqués cette fois. Elle enchaîne avec l’École des Gobelins et c’est dans le cadre de son Master en direction artistique que nous avons la chance de la rencontrer. Ce parcours remarquable lui donne une très grande force pour le design graphique de contenus artistiques, une connaissance des textes, de la littérature, et une approche technique, artisanale presque, du métier de graphiste. Outre le dossier du Cadavre encerclé, cette créatrice obsédée par cette question « qu’est-ce que créer ? », a imaginé notre site internet, en suivant mes rêveries, et inventant ainsi un outil qui raconte si bien notre travail de compagnie, où nous croisons nos compétences au service d’œuvres de la littérature dramatique ou non, et cherchons à les partager, à les exposer en quelques sortes. Ce qu’Anne-Sophie a réussi à rendre lisible, c’est le foisonnement qu’est pour moi le travail d’une compagnie de théâtre, comme un atelier d’artiste qu’elle a su construire et ordonner. « Qu’est-ce que créer ? » est sans doute une question fertile pour accompagner de telles aventures…
Marie Dissais
est la personne avec qui j’ai travaillé le plus ces dernières années. Comédienne formée au conservatoire du Mans, puis à celui d’Avignon, son goût pour la danse l’a conduite sur les plus grandes scènes du monde, aux côtés de Romeo Castelluci. Revenue dans la ville du Mans qui l’a vu grandir, Marie va y créer (avec Louise Kervalla et Bertrand Cauchois) une compagnie qui est remarquable de dynamisme et d’ambitions artistiques. La spécificité de cette aventure est que les porteurs du projet ne sont pas exclusivement metteurs en scène. Ce qui fait que Marie a développé une immense agilité entre la scène et ses alentours. Capable de s’emparer de problèmes techniques, artistiques ou administratifs, elle est une partenaire idéale pour mes aventures collectives qui placent l’interprète au centre du dispositif. Marie danse pour plusieurs compagnies de danse contemporaine, chante remarquablement bien, et est une comédienne pleine d’énergie et de sensibilité (présente dans Orestie Opéra hip hop co-mis en scène avec D’ de Kabal), avec un sens de l’occupation de l’espace très rare chez une aussi jeune comédienne. Elle collaborera à la mise en scène et jouera le rôle d’Hassan, l’un des compagnons du personnage central Lakhdar.
Gilles Gentner
est éclairagiste et honnête homme. Il a travaillé avec beaucoup de metteurs en scènes différents, et beaucoup de chorégraphes parmi les plus repérés dans les circuits de diffusion. Comme artiste et porteur de projet, l’on peut parfois être perdu dans ce qui est l’évaluation de ses propres pratiques… Avec Gilles nous vivons comme un succès le fait de travailler ensemble depuis vingt ans. C’est à ses côtés et grâce à sa confiance que j’ai peaufiné mon geste… C’est dit avec emphase mais cette manière de fonctionner très collective, en proposant à l’équipe de création de créer une partition, une écriture : lumineuse, musicale, scénographique, des costumes, cette façon de faire c’est avec Gilles que nous l’avons inventé puis pratiqué. Gilles a quelque chose du photographe classique, en noir et blanc, au centre : le sujet. Gilles invente son dispositif à partir de l’action scénique, il assiste à beaucoup de répétitions et construit, écrit une conduite lumineuse qui est une oeuvre en soi… Comme si la lumière était un élément indépendant, le soleil éclaire comme il le souhaite, surexposant des scènes à la thématique sombre, ou maintenant dans l’ombre des séquences très joyeuses, ensoleillées… Il n’est pas rare que des spectateurs ayant vu un travail dont j’ai signé la mise en scène me disent « …et puis je me souviens de la lumière, une lumière si particulière… », c’est dire si son univers donne une identité au mien…